Eh oui, Georges Vaucher était sensible et généreux, au point de sacrifier ses économies pour sauver une jeune fille prise au piège… Ce passage de Méandres sauvages le montre bien :


Et nous partîmes à quatre accompagner Yvonne à la gare. Celle-ci prit tranquillement son billet, me tendit les dix francs que je lui avais donnés et je payai la somme assez rondelette réclamée par l’employé. Nous attendîmes l’express, mîmes cette pauvre enfant dans le wagon et assistâmes au départ. Comme j’étais là, sur le quai, entouré des trois respectueuses, l’une d’elles dit : « T’es curé ? Fais voir si t’as la tonsure ? » Mais l’une des autres intervint. « Taisez-vous. C’est beau ce qu’il a fait ! »
J’étais tout ému et rentrai tout pensif dans la chambre commune. « D’où viens-tu ? me dit un collègue, du cinéma ?
-Oh non, pas du tout. »
Je réalisai alors, soudain, à quel point j’avais exposé ma réputation. Si l’un de mes camarades m’avait vu accoster cette fille et disparaître dans le couloir, rien n’aurait pu me justifier, aucune explication n’aurait été crue…